San Luis Potosi, en route vers les montagnes
Souvent délaissée et mal connue, San Luis Potosi mérite pourtant amplement une étape d’un ou deux jours. Aujourd’hui essentiellement industrielle, la ville était autrefois un centre minier important. Elle tient son nom de notre bon roi Saint Louis (impossible de trouver pourquoi), saint patron de la ville et d’une référence à l’une des plus importantes mines de l’empire espagnol d’alors, Potosi en Bolivie. La ville pensait pouvoir rivaliser avec ce centre minier à la production colossale, mais cela n’a jamais été le cas.
San Luis Potosi est la capitale de l’état du même nom. C’est une très belle ville au centre colonial classé au patrimoine mondial, avec de très belles places, de nombreuses églises et une architecture parfois baroque d’inspiration européenne, voire parisienne, du moins c’est ce qu’on aime à raconter là-bas. Si je pense à San Luis Potosi, la première image que j’ai en tête est celle de ces places magnifiques, les murs en pierre caractéristique, les couleurs des marchands ambulants et des uniformes des enfants qui sortent de l’école. Le centre est très vivant et on le visite sans peine à pied en une journée. La ville est très agréable et il y règne l’atmosphère d’une grande ville et pourtant on sent très bien qu’on est dans une région rurale et montagnarde, les gens sont accueillants et sympathiques, mais avec une certaine rudesse qu’on a l’habitude de trouver dans les villages reculés de montagne. On n’est pas encore tout à fait dans le Nord, mais on n’est plus du tout dans le Sud ça ne fait aucun doute. A San Luis, les gens se sentent plus proches des habitants de Saltillo et de Monterrey que de Mexico. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, et c’est une belle découverte. San Luis Potosi a beaucoup à offrir aux touristes, culture, nature, gastronomie, on peut très facilement passer toute une semaine dans la région, voire plus. Proclamée capitale de la République pendant quelques temps, la ville a une histoire riche. C’est également un point de départ idéal pour visiter la région de la Huasteca potosina (je l’espère, un prochain périple). La Huasteca est une région assez vaste avec de magnifiques espaces naturels, montagne, forêt, de nombreux cours d’eaux, des cascades, etc. C’est la région de prédilection des amateurs de sports d’aventure (rafting, kayak, trekking, etc.). Plus au nord de l’état c’est la montagne et le désert avec des anciennes villes minières, mais je vous en parlerai la prochaine fois en détail. Tout près, l’état de Querétaro avec la ville du même nom valent également un petit détour.
Un magnifique centre historique classé
Vous allez me dire que je vous avais aussi promis de la gastronomie, et c’est vrai que toutes ces visites ça creuse ! Mais pas de panique, au Mexique on trouve toujours de quoi manger, enfin presque toujours, mais ça, c’est une autre histoire que je vous raconterai un jour. Trêve de digressions, parlons de choses sérieuses : qu’est-ce qu’on mange ? Tacos, quesadillas, pozole, et tous les grands classiques mexicains bien sûr, mais si vous voulez faire encore plus local, vous pourrez goûter aux enchiladas potosinas, des sortes de petites quesadillas au fromage avec une tortilla colorée en orange avec un piment doux très léger, aux tacos rojos sur le même principe, aux gorditas (des tortillas un peu plus épaisses, que l’on ouvre et que l’on garnit de viande, de haricots, de fromage, etc. et que l’on mange dans tout le nord du pays). Surtout ne manquez pas de manger des cabuches, ce sont les boutons de fleur de la biznaga, le cactus en boule que l’on appelle une belle-mère ici. Ils sont généralement en conserve dans une sorte d’escabèche, et leur goût pourrait faire penser à l’artichaut poivrade. C’est délicieux et plutôt original.
Côté sucré, il faut goûter l’aguamiel, une eau sucrée qui est extraite du cœur d’une variété de maguey (agave). Pour les plus aventuriers, il y a le queso de tuna, une pâte de fruit très forte en goût à base de tuna, le fruit du figuier de barbarie. Je n’ai pas vraiment compris comment ça se mange, mais je n’ai pas été très convaincue, à vous de goûter pour vous faire une idée. Autre petite friandise locale, le quiote. C’est la tige de la fleur d’un maguey (le même que pour l’aguamiel) qui a été cuite pendant des heures. On la coupe en tranches qui se mangent, ou plutôt qui se mâchouillent. C’est fibreux, un peu sucré et pour mon palais peu habitué, sans grand intérêt, mais c’est un must pour les gens du coin. Plus classique, le miel absolument divin produit dans les environs et surtout, la cajeta produite également dans les petites villes de la région. Pour rappel, la cajeta est une confiture de lait de chèvre, une sorte de dulce de leche mexicain, un peu plus fort en goût. On l’étale sur des tartines, on en fait des bonbons, entre deux hosties, dans des petites gaufrettes, en sucettes, bref on décline à l’infini. La cajeta se trouve dans tout le Mexique, mais on en produit beaucoup dans la région, alors moi je dis, en Chine fais comme les chinois et à San Luis Potosi mange de la cajeta.
De places en églises, des rues animées, la ville est très agréable
Au final, San Luis Potosi vaut vraiment un petit détour et c’est très dommage qu’elle soit souvent oubliée dans les circuits traditionnels. D’un autre côté, ça offre encore l’avantage d’une vraie authenticité et de tarifs assez raisonnables. Alors si vous n’avez pas compris le message subliminal, allez-y ! Et la région regorge de choses à voir et à faire. De notre côté, nous avons décidé d’y faire étape sur la route vers Real de Catorce, à deux heures de route dans les montagnes au Nord. Plus qu’un voyage, un véritable coup de foudre pour ce lieu, mais ça, c’est pour la prochaine fois !
Je vous dis donc à bientôt pour des aventures mexicaines toujours plus folles, avec des tunnels, du peyote, des indiens, des jeeps des années 60, un village fantôme, des milliers de pèlerins en bétaillère et de nombreuses surprises. Si avec ça, vous ne revenez pas pour la suite, je ne comprends plus rien !
En attendant, mangez de la cajeta si vous en trouvez, et vous m’en direz des nouvelles.