Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

...tribulations d'une accro du Mexique

19 Aug

Pendant ce temps, à Veracruz...

Publié par Héléna Verdier  - Catégories :  #veracruz, #villes du Mexique, #ville coloniale, #golfe du mexique, #eyipantla, #agustin lara

Pendant ce temps, à Veracruz...

Après une longue absence de la toile pour cause de journées de seulement 24 heures, je vous emmène à la découverte pas du tout objective d’un lieu mythique : Veracruz.

« Veracruz, rinconcito donde hacen su nido las olas del mar… » chantait Agustin Lara. Rien que ce nom évoque à lui seul une ambiance tropicale, de la musique, la chaleur moite et une cuisine réputée à travers toute la république mexicaine. Alors naturellement, quand à Puebla en fin de saison des ouragans (fin octobre), la radio annonçait des pluies diluviennes sur les montagnes du centre du pays, nous avons décidé de prendre la poudre d’escampette direction la chaleur de Veracruz et le Golfe du Mexique. Quatre heures de route, à travers de très hautes montagnes et on redescend vers la côte. Oui mais ça c’est quand on ne crève pas un pneu en route, et changer une roue de bus, ce n’est pas comme changer une roue de voiture… Mais les Mexicains n’ont peur de rien, et notre chauffeur n’a pas hésité à salir son uniforme ADO pour nous sortir de ce mauvais pas. Oui mais voilà, quand on ne peut même pas soulever la roue tout seul, ça devient problématique ! Heureusement, Veracruz est très bien desservi et toutes les heures des bus passent par-là, une heure plus tard, le bus suivant récupérait à son bord les naufragés que nous étions. Et dans ces situations, j’admire toujours le pragmatisme des Mexicains. Alors que nous Français (et moi la première je plaide coupable votre honneur) aurions crié au scandale et à la prise d’otages des usagers, les passagers mexicains ont gardé leur calme, continuant à regarder le film dans le bus et certains ont même profité de cette pause imprévue pour aller casser la croute dans la petite gargote sur le bord de la route !

Non, il ne s'est pas fait écraser, il essaie de changer le pneu... c'est pas gagné

Non, il ne s'est pas fait écraser, il essaie de changer le pneu... c'est pas gagné

Finalement arrivés à Veracruz, la chaleur tant attendue était au rendez-vous, et la ville mythique, fidèle à sa réputation. Veracruz, à défaut d’en être la capitale (c’est Xalapa, et hop un camembert au Trivial Pursuit), est la plus grande ville de l’État de Veracruz. C’est l’un des plus grands ports de commerce du pays et c’est également l’une des places fortes de la Pemex (petroleos mexicanos), la société nationale d’exploitation pétrolière (et de commercialisation aussi). En effet, tout le Golfe du Mexique est parsemé de plateformes et autres raffineries. On est donc assez loin de Cancun, dans tous les sens du terme. Et pourtant il ne faut pas se fier à ce qu’écrivent certains guides. Veracruz et ses environs offrent des plages très agréables, avec une eau chaude et une ambiance incomparable. Bien sûr, l’eau n’est pas turquoise comme dans les Caraïbes et le sable n’est pas blanc. Mais si vous voulez goûter à une ambiance 100 % mexicaine à la plage, avec des familles qui passent la journée à danser, manger et se détendre, vous êtes au bon endroit.

La plage, le lieu familial par excellence, on s'y baigne, on y mange ou on y danse, sous les rayons du soleil ou sous une tonelle
La plage, le lieu familial par excellence, on s'y baigne, on y mange ou on y danse, sous les rayons du soleil ou sous une tonelle
La plage, le lieu familial par excellence, on s'y baigne, on y mange ou on y danse, sous les rayons du soleil ou sous une tonelle

La plage, le lieu familial par excellence, on s'y baigne, on y mange ou on y danse, sous les rayons du soleil ou sous une tonelle

En allant 10 km au sud, on arrive à Boca del Rio où on trouve des restaurants, des bars et une ambiance très festive. Le centre et le port de Veracruz (qui est collé au centre-ville) offrent une ambiance plus décontractée et plus calme. L’architecture coloniale du centre est magnifique, et l’air marin aidé par les ouragans qui frappent régulièrement la ville donnent à la ville un air un peu décrépi, une touche très tropicale et une atmosphère presque caribéenne.

Les immeubles de Boca del Rio et la mer, agitée par le vent del Norte qui a soufflé à plus de 70 km/h pendant trois jours

Les immeubles de Boca del Rio et la mer, agitée par le vent del Norte qui a soufflé à plus de 70 km/h pendant trois jours

L’État de Veracruz, pourtant riche de matières première est l’un des plus pauvres. La population très souvent touchée par les ouragans et les glissements de terrains est assez démunie. Malgré la taille de la ville et son activité trépidante, on ressent toujours une atmosphère assez provinciale, une nonchalance, que l’on retrouve souvent au bord de la mer (d’une autre manière à Campeche, mais je vous raconterai ça plus tard). Tous les soirs sur le zócalo, des musiciens s’installent et les habitants viennent pour danser le danzón. Dans les restaurants et cafés qui bordent la place, d’autres groupes de musiciens se disputent l’espace pour plaire aux touristes dans une cacophonie de marimbas, musique norteña et mariachi. L’ambiance est très sympa, mais le plus authentique reste le danzón du début de soirée.

Les rues du centre et le zocalo où on se prépare pour le danzon du soir
Les rues du centre et le zocalo où on se prépare pour le danzon du soirLes rues du centre et le zocalo où on se prépare pour le danzon du soir

Les rues du centre et le zocalo où on se prépare pour le danzon du soir

A la nuit tombée...
A la nuit tombée...

A la nuit tombée...

Après une nuit dans un hôtel qui a dû être il y a des années un véritable palace au charme colonial mais qui était alors en rénovation, nous avons déménagé sur le port (donc à moins d’un kilomètre de là) pour le très luxueux hôtel Emporio qui en cette basse saison pratiquait des offres imbattables. Une occasion de rappeler qu’en effet en basse saison il ne faut pas hésiter à demander s’il y a des offres même dans les endroits les plus chics. On entend souvent que les standards de qualité ne sont pas les mêmes qu’en Europe. C’est vrai. J’ai tendance à croire qu’ils sont meilleurs ! Les Mexicains vivent pour beaucoup du tourisme, ils ont donc un sens du service très développé. Dans un pays où le pourboire constitue la majeure partie du revenu des professionnels du tourisme, il est dans l’intérêt de chacun d’offrir la plus belle expérience possible (d’ailleurs n’oubliez pas le pourboire, mais je vous en reparlerai bientôt). Et j’aime autant vous dire que l’Hotel Emporio, il déchire sa mère, pardon, est vraiment superbe. Emplacement idéal sur le port, une vue imprenable sur la ville et, au lever du jour, sur le Pico de Orizaba, point culminant du Mexique à 5 636 mètres.

vue imprenable sur le port depuis la chambre d'hotel

vue imprenable sur le port depuis la chambre d'hotel

Malgré l’animation du centre, le port reste pour moi (et je n’ai pas la science infuse) le cœur de la ville. Les bateaux porte-conteneurs gigantesques y manœuvrent toute la journée pour entrer et sortir, les promeneurs flânent sur les quais, suivant les arrivages des vendeurs à la sauvette vous proposeront toutes sortes de produits « tombés du bateau », des enfants (et des adultes) plongent pour amuser les touristes qui jettent des pièces dans l’eau… Le port est vraiment fascinant, le mouvement perpétuel et la vie de la ville qui continue comme si rien n’était.

Le port en perpétuelle ébullition, de jeune plongeurs qui essaient d'impressionner les touristes pour quelques pièces
Le port en perpétuelle ébullition, de jeune plongeurs qui essaient d'impressionner les touristes pour quelques pièces

Le port en perpétuelle ébullition, de jeune plongeurs qui essaient d'impressionner les touristes pour quelques pièces

C’est également sur le port que se trouve l’un des établissements les plus mythiques de Veracruz : El Gran Cafe de la Parroquia. S’il est un lieu à ne pas manquer dans la ville, c’est celui-ci ! Ce grand café qui existe depuis plus de 200 ans est une véritable institution. Sa spécialité ? Le café au lait, ou lechero : un premier serveur (en tablier blanc, ambiance rétro) arrive et vous sert dans un grand verre un café noir très fort, puis vous tapez sur votre verre avec votre cuiller et un autre serveur, qui passe de table en table, vient verser le lait brûlant, jusqu’en haut du verre pour un café au lait bien moussant. Accompagnez-ça de pâtisseries maison… mmmm. Le lieu est gigantesque (au moins 200 couverts) et ne désemplit pas de la journée. On peut y manger également des plats simples ou des spécialités locales comme le pescado a la veracruzana, un filet servi avec des olives, de la tomate, des poivrons, un plat très populaire au Mexique et aux inspirations très européennes.

La cuisine de Veracruz est très réputée, on y trouve beaucoup de poisson, notamment des cocktails de poisson, crevettes, poulpe, huitres, le tout avec une sauce pimentée constituée d’un mélange de ketchup, de jus de coquillages, de citron, de piment et les ingrédients secrets des différents cuisiniers. C’est délicieux ! Une autre spécialité que j’ai découverte et aux très forts accents européens (et même français) : le volován, un chausson de pâte feuilleté, fourré avec du salé (crabe, viande, fromage et jambon) ou du sucré (ananas compoté) et vendu dans la rue. Il faut guetter les vendeurs avec de grands paniers et si vous avez la chance de croiser sur le port un certain Memo, ses volovanes sont à tomber ! Vous vous demandez sans doute pourquoi je parle d’inspiration française. Le volován n’est qu’une mexicanisation du mot vol-au-vent, un feuilleté (bouchée à la reine) apporté par les français lors de l’occupation française de Véracruz au XIXe siècle. Bien sûr il a été adapté avec les ingrédients locaux. Autant de marques de l’influence européenne de ce port qui a toujours été la porte d’entrée du pays et parfois du continent. Aussi trouve-t-on dans la ville des monuments érigés par différentes communautés (italienne, libanaise, etc.). C’est sans doute pour cela que les touristes mexicains aiment tant Veracruz et lui trouve un certain exotisme. Ils y trouvent quelques touches méditerranéennes qui n’existent pas ailleurs.

Le lechero, un rituel au Gran Café de la Parroquia

Le lechero, un rituel au Gran Café de la Parroquia

L’État de Veracruz mériterait un grand voyage pour l’explorer (et c’est prévu un de ces jours). Il offre de nombreuses merveilles naturelles, historiques ou culturelles à découvrir. Situé très au sud, le climat est tropical et la jungle recouvre une grande partie de l’État, notamment vers le sud en direction du Tabasco, on trouve là des réserves naturelles magnifiques, des lacs et des cascades, et aussi des villages réputés pour leurs sorciers ! Plus au nord et dans les terre on trouve des montagnes, des rivières et c’est la Huasteca Veracruzana, une région aux grandes richesses naturelles, idéales pour les amoureux du tourisme d’aventures et des activités de plein-air (rafting, randonnée, escalade, etc.). C’est également une région à l’histoire très riche et très importante, d’abord terre des Olmèques (civilisation considérée comme mère des civilisations du Mexique), ce fut également le lieu où les Espagnols accostèrent pour la première fois sur les terres mexicaines. On y trouve par ailleurs des vestiges Olmèques mais pas seulement, car de nombreuses populations y ont vécu et y vivent encore, c’est par exemple le cas des Totonaques, célèbres voladores de Papantla. J’espère donc avoir bientôt l’occasion d’explorer tout ça plus en détails et en attendant je vous propose quelques photos d’une petite escapade d’une journée jusqu’à Tlacotalpan et au Salto de Eyipantla… sous une pluie battante.

Le café, le tabac, le pétrole, un État aux multiples ressourcesLe café, le tabac, le pétrole, un État aux multiples ressources

Le café, le tabac, le pétrole, un État aux multiples ressources

Salto de Eyipantla sous une pluie battante, et une rencontre qui a failli mal tourner avec une énorme araignée sur la rampe de l'escalier
Salto de Eyipantla sous une pluie battante, et une rencontre qui a failli mal tourner avec une énorme araignée sur la rampe de l'escalierSalto de Eyipantla sous une pluie battante, et une rencontre qui a failli mal tourner avec une énorme araignée sur la rampe de l'escalier

Salto de Eyipantla sous une pluie battante, et une rencontre qui a failli mal tourner avec une énorme araignée sur la rampe de l'escalier

Tlacotalpan, petit bijou au bord du fleuve
Tlacotalpan, petit bijou au bord du fleuve

Tlacotalpan, petit bijou au bord du fleuve

Agustin Lara, el flaco de oro, chante son Veracruz natal (il était originaire de Tlacotalpan)

Veracruz et son port ont donc tenu leurs promesses avec une atmosphère incomparable, des habitants souriants et à la nochalance toute tropicale, de la musique et des surprises pour les papilles. Une escale à ne pas manquer pour une vraie parenthèse mexicaine, des plages à l’ambiance familiale, tout ça à seulement quatre heures de route de Mexico. C’était sur cette belle étape imprévue que le voyage d’octobre se terminait mais il y a encore tellement à dire sur le Mexique que je n’ai pas fini de vous rebattre les oreilles !

Très bientôt, je vous révèlerai mes conseils indispensables pour partir au Mexique, nous irons au musée et au ballet, je vous ferai faire un petit tour de la péninsule du Yucatan avec des flamants roses, des crocodiles, des friandises à la coco, des marquesitas, des langoustes, des sites Maya à n’en plus finir et bien sûr une mer turquoise, je vous raconterai le Chiapas et les indiens Lacandons, nous irons goûter des chapulines à Oaxaca et nous partirons à la rencontre des indiens Tarahumara dans le Nord... et ce n'est pas fini ! De belles aventures à vous faire partager et de nouvelles découvertes en perspective dès l'hiver prochain. Vous n'avez pas fini d'entendre parler du Mexique !

En attendant ces nouvelles surprises mexicaines, n’oubliez pas que sans piment, ça n’a pas de goût alors mettez un peu de piment dans votre vie et dans votre assiette !

Octobre 2013, la mythique course panaméricaine partait de Veracruz, sous le vent d'el Norte

Octobre 2013, la mythique course panaméricaine partait de Veracruz, sous le vent d'el Norte

Oh non ! Mickey, qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?

Oh non ! Mickey, qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?

incomparable, c'est exactement ça !

incomparable, c'est exactement ça !

Commenter cet article

À propos

...tribulations d'une accro du Mexique