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...tribulations d'une accro du Mexique

05 May

Puebla la (trop) belle

Publié par Héléna Verdier  - Catégories :  #puebla, #villes du Mexique, #ville coloniale, #voyages, #cuisine mexicaine, #artisanat mexicain, #Centre du Mexique, #Mexique

Puebla la (trop) belle

Nous nous étions quittés à Real de Catorce, en pleines fêtes patronales et je vous embarque maintenant à 12 heures de route de là, pour une destination tout aussi pieuse mais beaucoup plus classe, Heroica Puebla de Zaragoza, autrement dit Puebla. Et oui, quand on prend le temps de dérouler tout le nom, ça claque comme on disait dans les années 1990. Puebla, également surnommée Ciudad de los angeles (la ville des anges), à quatre heures au sud de Mexico, est une très grande ville assez riche qui me fait penser à une vieille dame bourgeoise un peu trop poudrée.

Le centre historique de la ville est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et est absolument magnifique. On y admire des exemples sublimes d’architecture coloniale espagnole, les murs sont enduits de couleurs vives, les rues sont pavées, on trouve plus de cent églises à travers la ville, bref, une véritable carte postale du Mexique. Malgré les 2 millions d’habitants de l’agglomération, il règne dans le centre-ville une ambiance provinciale de vieille Espagne. Puebla est d’ailleurs connue pour avoir une population relativement bourgeoise, descendant pour la plupart des anciens Espagnols. Puebla est une ville riche avec une situation géographique stratégique à mi-chemin entre le port de Veracruz et la ville de Mexico. Elle a une industrie assez développée dans divers domaines et notamment dans le secteur automobile avec une gigantesque usine Volkswagen. C’est là qu’était fabriquée la célèbre coccinelle, et bien d’autres modèles maintenant. Puebla est une étape incontournable pour qui visite le Mexique et souhaite découvrir une ville typique. Elle réunit de nombreux atouts comme son architecture splendide, l’une des plus grandes cathédrales du pays, un artisanat local de grande qualité, une gastronomie riche et une ambiance assez tranquille. Les environs valent également un petit détour avec les deux grands volcans emblématiques de la région, le Popocatepetl et l’Itzacihuatl, de très beaux villages et anciennes missions classées sur les pentes du Popo, la très belle petite ville de Cholula et sa pyramide, la plus grande du pays, enfouie sous la colline au sommet de laquelle les Espagnols ont bâti une église, pour bien marquer leur victoire (suite à une sanglante bataille) et leur domination.

Les jolies rues colorées de la villeLes jolies rues colorées de la ville
Les jolies rues colorées de la ville

Les jolies rues colorées de la ville

La cathédrale de Puebla

La cathédrale de Puebla

Cholula et sa pyramide surmontée d'une église
Cholula et sa pyramide surmontée d'une église

Cholula et sa pyramide surmontée d'une église

Mais revenons à Puebla car à elle seule, la ville justifie une étape. Classée par l’UNESCO, le centre historique est un musée à ciel ouvert. Les façades coloniales multicolores viennent conforter l’idée que l’on se fait des villes mexicaines. La place centrale, ou le zocalo, est un typique parc mexicain qui s’anime toute la journée mais surtout le soir venu. Sous les arcades, on trouve des boutiques, des restaurants, de quoi flâner et profiter de l’animation. Sur l’un des côtés, se trouve la cathédrale de Puebla, l’une des plus grandes du pays. Si vous faites attention, vous verrez que le toit est couvert de talaveras, une faïence typique de la ville, inspirée des azulejos espagnols et portugais, mais utilisant plus de couleurs.

L’artisanat traditionnel est justement l’un des grands atouts de Puebla avec les talaveras sublimes. Cette faïence se décline traditionnellement en carreaux (carrelage mural), en vaisselle, éviers et autres éléments décoratifs. Vous trouverez tous les prix sur les marchés, il faut toutefois faire bien attention à ne pas acheter de la pseudo-talavera made in je-ne-sais-où. Pour trouver de superbes pièces il faut se rendre dans les fabriques de la ville (vous en trouverez au gré de vos balades sans vraiment chercher). Là, les prix ne sont pas les mêmes, mais les pièces sont souvent signées, numérotées, bref c’est de l’art. Même si vous n’achetez rien, faites y un tour, pour le plaisir des yeux, et si vous êtes un peu plus fortuné, faites-vous plaisir, ils livrent même à l’autre bout du monde !

L'architecture coloniale du centre
L'architecture coloniale du centre
L'architecture coloniale du centre

L'architecture coloniale du centre

Le très agréable zocalo
Le très agréable zocalo
Le très agréable zocalo
Le très agréable zocalo

Le très agréable zocalo

Une fabrique de talaveras
Une fabrique de talaveras

Une fabrique de talaveras

Puebla est une ville de tradition et vous trouverez sur ses marchés (d’artisanat ou non) toutes sortes d’objets typiques, faïence, poteries, tissus, robes, figurines sur le thème du jour des morts, etc. Les prix sont généralement raisonnables et on peut toujours négocier, toutefois n’oubliez jamais qu’il s’agit d’artisanat, autrement dit, des pièces fabriquées à la main, demandant des heures de travail. Il faut toujours respecter cela et ne pas prendre ce marchandage pour un jeu, les Mexicains n’aiment pas particulièrement marchander, alors soyez toujours conscient du juste prix des choses, en comparant entre les boutiques, en évaluant la qualité. Ne vous faites pas avoir, mais ne cherchez pas systématiquement à baisser les prix pour la beauté du sport.

La ville est également connue pour ses églises. Je ne saurais dire combien la ville en compte, mais sans doute près d’une centaine. Ville assez conservatrice et à la forte culture espagnole, Puebla accorde une grande place à la religion. De nombreux couvents y étaient installés et y existent encore aujourd’hui, il n’est pas rare de croiser des religieuses. C’est d’ailleurs en grande partie à ces couvents que la ville doit un grand nombre de ses spécialités culinaires. Et c’est une bonne chose qu’il faille marcher des kilomètres pour admirer les beautés de la ville car il va falloir éliminer toutes ces calories !

La cathédrale de nuit

La cathédrale de nuit

Des églises partout où vos yeux se posentDes églises partout où vos yeux se posent
Des églises partout où vos yeux se posent
Des églises partout où vos yeux se posentDes églises partout où vos yeux se posent

Des églises partout où vos yeux se posent

Le quartier commerçant et le marché d'artisanat
Le quartier commerçant et le marché d'artisanat

Le quartier commerçant et le marché d'artisanat

Spécialité des spécialités, le mole poblano. Il s’agit d’une sauce (généralement accompagnant de la volaille, mais cela peut varier) marron foncée constituée d’un mélange de centaines de piments et d’épices moulues (d’où le terme mole) dont un peu de cacao. On entend souvent dire de façon abusive que c’est une sauce au chocolat, j’ai même déjà vu des recettes de poulet au chocolat mexicain (beurk), alors je tiens à rétablir la vérité : c’est n’importe quoi ! Le cacao, amer et non sucré, n’est qu’un des nombreux ingrédients de la sauce et sa couleur vient autant des piments séchés de couleur sombre que du cacao. Il s’agit donc de la grande spécialité de Puebla, créée d’après la légende par inadvertance par des religieuses qui voulaient élaborer une recette unique à l’occasion d’une visite royale. Elles vidèrent l’économat pour créer ce plat inédit qui finit par rester ! Autre institution, le chile en nogada. Il s’agit d’un piment doux (chile poblano) garni d’une farce très riche composée entre autres de fruits secs, de viande, d’épices et nappé d’une sauce à base de noix soigneusement pelées. On dit que le plat représente le drapeau mexicain avec les trois couleurs : le vert du piment, le blanc de la sauce et le rouge des grains de grenade qui parsèment le tout. Ce plat riche et surprenant ne se déguste pas toute l’année, mais uniquement à certaines saisons.

Il existe encore de nombreuses autres spécialités salées à Puebla et je vous conseille pour les découvrir de manger sur les marchés ou dans les petits restaurants traditionnels de la ville que l’on appelle ici les fondas. Attention toutefois, certaines sont des pièges à touristes. Je recommande particulièrement La Fonda Santa Clara qui se trouve tout près du zocalo, ambiance typique garantie. Et à défaut, je vous conseille la lecture du délicieux roman de Laura Esquivel Como Agua Para Chocolate. Une très jolie histoire dans la grande tradition de la littérature latino-américaine, le tout ponctué de recettes à vous faire saliver !

Des fondas traditionnellesDes fondas traditionnelles
Des fondas traditionnelles

Des fondas traditionnelles

Chile en nogada

Chile en nogada

De l’artisanat, des spécialités salées, mais aussi (et surtout) des confiseries à en faire un coma diabétique ! Puebla est la ville des confiseries, dans le centre historique on trouve une multitude de boutiques, toutes plus belles les unes que les autres, qui proposent des assortiments de bonbons et autres sucreries délicieuses. Beaucoup de choses élaborées à partir de caramel et de noix, noisettes et autres amandes, de la cajeta, du rompope (une crème de liqueur aux œufs et à la vanille, très légère et très sucrée), des pâtes de fruits, et j’en passe. Quand c’est la période vous trouverez également une multitude de figurines et autres crânes en sucre et en chocolat pour le jour des morts.

Un délicieux café au rompope

Un délicieux café au rompope

sucreries pour le jour des mortssucreries pour le jour des morts

sucreries pour le jour des morts

En conclusion, je recommande évidemment une visite de Puebla car c’est l’occasion (notamment après quelques jours dans la frénésie de la ville de Mexico) de se plonger dans une ambiance mexicaine traditionnelle. La ville est sublime et elle constitue un point de départ idéal pour visiter les environs. Malgré ses nombreux attraits, elle reste une ville provinciale et les tarifs suivent, ils sont assez raisonnables. Vous allez sûrement vous demander le pourquoi de ce titre alors que mon article est si positif. J’ai décidée d’être honnête par rapport à cette ville qui mérite largement d’être visitée et d’en offrir une vision très objective. Toutefois, connaissant bien le Mexique, je sais ce que j’aime et ce qui me fait vibrer dans ce pays, c’est ce petit grain de folie qui manque un peu à Puebla. Puebla est une ville tranquille, un peu bourgeoise, très propre où tout est à sa place. Les vendeurs ambulants ne sont pas vus d’un très bon œil dans le centre-ville et rien ne doit dépasser. Formidable me direz-vous ! Mais cela ressemble un peu trop à un musée pour moi. J’aime la folie de Mexico, les façades décrépies de Veracruz, la multitude des vendeurs ambulants de Real de Catorce, le désordre et la circulation de Merida… Alors en effet, Puebla est une ville extraordinaire, un superbe exemple de ville mexicaine, une belle vitrine et je vous conseille chaudement d’y aller, mais si elle avait un petit grain de folie en plus, elle serait parfaite !

Je vous laisse donc rêver de sucreries et vous plonger dans la lecture du roman de Laura Esquivel, mais surtout ne loupez pas la suite ! Je vous embarque pour Veracruz avec des pannes de bus, des araignées maousse-costauds, de la musique et encore de la musique, la course panaméricaine, un vent à décorner les bœufs, des cigares, des volovanes et du café ami gringo !

Alors à très bientôt pour de nouvelles aventures mexicaines ! Caramba !

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M
Merci pour ces belles photos.<br /> C'est un rêve que vous nous offrez.
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