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...tribulations d'une accro du Mexique

06 Jun

A la découverte de la ville (2) : Tlatelolco et la Villa Guadalupe

Publié par Héléna Verdier  - Catégories :  #tlatelolco, #guadalupe, #place des trois cultures

Lors de notre dernière balade virtuelle à Mexico, je vous avais laissés dans le Centre historique, entre les mariachis de Garibaldi, les faussaires, pardon les imprimeurs, de la place Santo Domingo et les magnifiques bâtiments coloniaux. Je vous propose un petit tour vers le nord du Zócalo pour continuer à découvrir cette ville qui ne finit jamais de me surprendre.

Nous voici donc partis vers le nord. Depuis le Palacio de Bellas Artes, sur l’axe Lazaro Cardenas, on peut sauter dans un pesero (un micro bus) ou dans un trolleybus, hybride de bus et de tramway en direction de la Central camionera del Norte (la gare du nord pour la traduction parisienne, soit la gare routière qui dessert le nord du pays).

Premier arrêt à Tlatelolco, autrement connu sous le nom de Place des trois cultures. Ce lieu réunit en un espace limité les trois grandes étapes de l’histoire mouvementée qui a mené au développement d’une culture mexicaine. D’abord, la période préhispanique avec les vestiges de la ville de Tlatelolco. Cette ancienne ville aztèque de la banlieue de Tenochtitlan était le plus grand marché de la région, une sorte de Rungis préhispanique en somme. Comme pour les vestiges du Templo Mayor de Tenochtitlan dans le centre, les ruines de Tlatelolco se visitent, on y découvre les fondations des bâtiments et les différentes strates de construction. En effet, les peuples préhispaniques avaient coutume de reconstruire de nouveaux temples sur les anciens à des occasions multiples tels qu’un nouveau souverain, le passage à un nouveau cycle cosmique, etc. Les archéologues ont donc très souvent mis à jour les différentes couches de ces constructions, permettant d’observer plusieurs époques. En pratique, pour le touriste profane, c’est une sorte de poupée russe en forme de pyramide ! Sur cette même place, juste derrière les ruines aztèques, s’élève une église espagnole de l’époque coloniale. Symbole du triomphe de la civilisation européenne et du christianisme sur les païens, elle a été construite avec les pierres même des temples de Tlatelolco. Juste à droite des ruines et de l’église, se dresse la tour plus moderne du centre culturel de l’UNAM (l’université publique de la ville de Mexico). Cette tour symbolise la fusion des deux autres cultures qui, par leur métissage, ont engendré la nouvelle culture mexicaine. Le centre culturel accueille des expositions temporaires et une exposition permanente commémorant un épisode peu reluisant de l’histoire moderne du Mexique, le massacre d’étudiants par la police lors de révoltes étudiantes en 1968.

La Place des trois cultures de Tlatelolco

La Place des trois cultures de Tlatelolco

Comme pour tous les pays, la France y compris, l’histoire du Mexique comporte quelques pages sombres. C’est notamment le cas de ces manifestations étudiantes qui ont tourné au drame le 2 octobre 1968, à la veille des Jeux Olympiques de Mexico. Ces révoltes duraient depuis plusieurs mois, et le gouvernement de l’époque, soucieux de donner une image lisse aux observateurs internationaux et de ne pas entacher l’organisation de ces JO, a ordonné une répression des manifestations. C’est ainsi que ce 2 octobre 1968, les étudiants sont allés manifester à Tlatelolco et ont été accueillis par les tirs des forces de l’ordre. Les forces de police présentes en grand nombre avaient alors reçu l’ordre de tirer sur les manifestants. Cet évènement fit plusieurs morts du côté des étudiants, et laissa un traumatisme encore bien présent dans l’esprit des Mexicains. Aujourd’hui encore, les habitants de Mexico commémorent cet évènement le 2 octobre. À de nombreux égards, Tlatelolco est donc un haut lieu de l’histoire ancienne et contemporaine du Mexique et un symbole fort pour la ville. C’est une visite à ne pas manquer et suivant le temps dont on dispose on peut le faire en coup de vent ou s’y attarder en visitant les ruines, l’église et le centre culturel.

Encore plus au nord, à bord d’un pesero indiquant La Villa, on se rend dans l’un des plus hauts lieux du catholicisme au Mexique et en Amérique latine, j’ai nommé la Villa Guadalupe. C’est à cet endroit, sur le Cerro de Tepeyac que s’élève le plus important centre religieux d’Amérique latine. En arrivant, on traverse un immense marché de bric-à-brac religieux : cierges, porte-clés, images pieuses, lampes, médailles, statuettes, et j’en passe, le tout à l’effigie de la virgencita. Le complexe réunit plusieurs églises anciennes qui jonchent la colline et une immense basilique moderne construite en 1976 à la gloire de la sainte patronne du Mexique, la Vierge de Guadalupe. Enveloppée d’un manteau vert étoilé, la Vierge de Guadalupe est l’un des plus grands symboles du Mexique, vénérée par les Mexicains du monde entier. Elle fédère tous les Mexicains et a contribué à l’évangélisation des indigènes par les Espagnols.

le marché qui s'étend le long de la route avec des étals d'articles religieux
le marché qui s'étend le long de la route avec des étals d'articles religieux

le marché qui s'étend le long de la route avec des étals d'articles religieux

Les mauvaises langues diront que c’est une création des Espagnols pour les aider à combattre les religions barbares. En effet, cette vierge a tout pour séduire un peuple métis : elle est elle-même métisse et cette image féminine n’est pas sans rappeler le panthéon aztèque dans lequel la mère de tous les dieux est une déesse toute puissante, Coatlicue. On peut donc faire le parallèle et la pratique commune chez les indigènes du syncrétisme (schématiquement, l’assimilation de la religion catholique aux religions indigènes en superposant les saints aux dieux multiples qu’ils vénéraient), pourrait expliquer cette adhésion massive à cette croyance. Pour les plus croyants, la légende raconte qu’en 1531, le jeune Juan Diego (Jean Jacques en français, mais c’est moins exotique), un peón indien, traversait la colline de Tepeyac lorsque lui apparut, toute auréolée de lumière (c’est pour la tension dramatique), une femme qui se présenta comme la Vierge de Guadalupe. Elle lui demanda de construire une église à cet endroit. Juan Diego s’empressa donc de raconter sa rencontre extraordinaire, mais personne ne le crut. Alors qu’il repassait par là, rebelote, apparition divine, auréole de lumière et tout le tremblement, mais cette fois, pour être sûre que tout le monde croie le pauvre Juan Diego, la Vierge de Guadalupe imprima son image sur la tunique du jeune indien. Le polaroid était né, mais surtout on finit par croire le jeune homme. C’est ainsi que l’on construisit une église sur la colline de Tepeyac à la gloire de la Vierge de Guadalupe.

La tunique de Juan Diego où s'est imprimée miraculeusement l'image de la Vierge de Guadalupe, des tapis roulants permettent de réguler le flux des visiteurs.

La tunique de Juan Diego où s'est imprimée miraculeusement l'image de la Vierge de Guadalupe, des tapis roulants permettent de réguler le flux des visiteurs.

La basilique moderne de 1976, la colline de Tepeyac et une vue du complexe avec l'ancienne et la nouvelle basilique
La basilique moderne de 1976, la colline de Tepeyac et une vue du complexe avec l'ancienne et la nouvelle basiliqueLa basilique moderne de 1976, la colline de Tepeyac et une vue du complexe avec l'ancienne et la nouvelle basilique

La basilique moderne de 1976, la colline de Tepeyac et une vue du complexe avec l'ancienne et la nouvelle basilique

Avec le temps le complexe religieux s’est développé pour atteindre les proportions que l’on connaît aujourd’hui. Que l’on soit croyant ou non, il s’agit d’un lieu incontournable et surprenant. Toute l’année, des milliers de croyants s’y rendent chaque jour. Ils viennent se recueillir devant la sainte tunique de Juan Diego qui est exposée dans la basilique moderne. Pour éviter que trop de monde s’agglutine devant la tunique, 4 tapis roulants (si si) ont été installés, avec des troncs tous les 50 centimètres pour les dons pieux, afin de réguler le flux des visiteurs. Je vous avais bien dit que le Mexique n’était pas un pays comme les autres ! A l’extérieur, on trouve une chapelle destinée aux baptêmes qui se pratiquent à la chaîne. Parents et enfants à baptiser patientent gentiment en attendant leur tour, un peu comme on le ferait pour la dernière attraction dans un parc à thèmes. Enfin, pour une agréable ballade et un joli point de vue, on peut monter les marches qui mènent en haut de la colline, visiter les autres églises du site et observer la foule. L’Amérique latine est réputée pour sa foi catholique très développée et il est vrai que j’ai pu observer au Mexique une dévotion que jamais je n’ai constatée en France, chez les jeunes comme chez les plus vieux. Tous les 12 décembre, c’est le pèlerinage de la Vierge de Guadalupe et ce jour là, c’est littéralement tout le Mexique qui se déplace, à pieds, à genoux même, pour venir à la basilique. Environ 5 millions de pèlerins se rendent alors à la basilique.

Une ferveur religieuse sans bornes
Une ferveur religieuse sans bornes

Une ferveur religieuse sans bornes

L'ancienne basilique vue du haut de la colline

L'ancienne basilique vue du haut de la colline

Si l’on poursuit encore plus au nord, en sortant de la ville on se dirige vers le site absolument éblouissant de Teotihuacan où a vécu une civilisation encore très mystérieuse pour les archéologues et où le soleil a rendez-vous avec la lune. S’il n’y avait qu’un seul site archéologique à visiter ce serait sans doute celui-ci, mais ça, ce sera pour une autre fois.

Je vous dis donc à bientôt pour de nouvelles aventures mexicaines. À venir, un amour de voiture, des papillons plein les yeux… et bien plus encore !

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A
Merci Héléna pour ce petit voyage virtuel à ma ville D.F., Felicitations pour ton blog et j'ai hâte de lire ton prochain article! Ayyy que de leer me dieron ganas de regresar a mi México Querido!!!
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H
Merci Ale, je suis contente que ça te plaise!

À propos

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