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...tribulations d'une accro du Mexique

09 May

Musique maestro !

Publié par Héléna Verdier  - Catégories :  #musique mexicaine, #rancheras, #mariachi

Musique maestro !

Au Mexique comme dans beaucoup de pays latins la musique est omniprésente. Bien entendu, si je vous dis musique mexicaine, vous allez penser à la Bamba ou à la Cucaracha, éventuellement à la célèbre musique de la danse du chapeau. Et au fond vous n'avez pas complètement tort, mais la musique mexicaine est infiniment plus variée. De la musique traditionnelle et folklorique au rock ou encore au rap en passant par des versions moderninées de la ranchera, il y en a pour tous les goûts.

Loin de moi l'idée de dresser un panorama exhaustif du paysage musical mexicain, ce serait trop long et je suis très loin de tout connaître, l'idée est plutôt une petite plongée dans l'ambiance musicale d'un voyage au Mexique en passant par les grands classiques.

Il y a bien sûr toutes les musiques folkloriques et traditionnelles, groupes rancheros au Nord , marimbas au sud à Veracruz et entre les deux une multitude de sonorités.

Bien entendu, qui dit Mexique, dit mariachi. Les groupes de Mariachis sont sans doute parmi les ambassadeurs les plus célèbres de ce pays. Avec leur costume de charro aux boutons d'argent et leur grand chapeau, ils interprètent de grands classiques, le plus souvent des histoires romantiques d'amour perdu pleines de sentiment et de solennité. Leur orgine, comme celle du nom même de mariachi, est contestée. D'après la légende, ce genre musical est né à Cocula dans le Jalisco et connaît son apogée dans la première moitié du 20e siècle. Le genre est largement associé à la culture de la charreria (genre de rodéo mexicain) et est popularisé dans des films de l'âge d'or mexicain avec des artistes comme Jorge Negrete et Pedro Infante.

Pedro Infante interprète la chanson « Ella », une chanson d'amour perdu et d'homme au cœur brisé

Aujourd'hui, les mariachis font partie du folklore mais pas uniquement. Ils sont un élément fort de la culture mexicaine et c'est naturellement que l'on fait appel à eux pour animer des fêtes, des mariages, etc. Dans certaines villes, notamment dans le centre du pays, il n'est pas rare de voir une jeune fille pour qui un groupe de mariachis interprète une chanson, à la demande de son fiancé. Pour ma part, je ne suis plus vraiment une jeune fille, mais j'ai eu droit à mes mariachis à Mexico...

Mes mariachis, place Garibaldi en 2011, pour une chanson, il vous en coûtera environ 100 pesos

Mes mariachis, place Garibaldi en 2011, pour une chanson, il vous en coûtera environ 100 pesos

Parmi les grands classiques au Mexique, il y a l'incontournable Vicente Fernandez, la très engagée en son temps Chavela Vargas qui nous a quittés l'an dernier, El Flaco de Oro Agustin Lara qui a chanté sa ville Veracruz et a composé des centaines de chansons célèbres, et la liste est très longue.

Il existe par ailleurs aujourd'hui une scène musicale contemporaine qui se revendique de l'héritage de ces grands classiques. C'est le cas par exemple de la chateuse américano-mexicaine Lila Downs qui a participé entre autres à la bande originale du film Frida avec Salma Hayek.

Chavela Vargas, engagée et décriée en son temps, une artiste incomparable

Partout dans le pays, et surtout dans la capitale, la salsa est reine. Venue de Cuba, comme le bolero, elle est un classique à travers toute l'Amérique Latine avec différentes variantes. Mais s'il est une musique typiquement mexicaine, c'est bien celle des bandas typiques du Nord.

À l'origine il s'agissait de corridos et de rancheras qui racontaient le quotidien, une musique plutôt rurale avec des cuivres, des accordéons. Au fil du temps, le genre s'est diversifié et on va distinguer les groupes dits Duranguenses (de la région de Durango), les Norteños (plus classiques), les narco-corridos qui vantent les exploits des barons de la drogue (aujourd'hui interdits dans certains états du pays) une sorte de pendant mexicain du gangsta rap américain à la sauce accordéon.

Cette muique du Nord connaît un succès phénoménal, au Mexique et aussi aux États-Unis auprès des paisanos, les immigrants mexicains qui ont une certaine nostalgie du pays.

À la télévision, zappez sur Ritmoson Latino ou Bandamax pour avoir un petit aperçu de ce qui s'écoute. De la pop-rock mexicaine avec des groupes comme Mana et surtout de la musique dite grupera. Voici quelques exemples.

Los Primos de Durango, un exemple du style Duranguense (entre nous, de loin mes chouchous)

Los Tigres del Norte, groupe norteño mythique depuis les années 1970. Ils font aussi bien une musique traditonnelle que des narco-corridos, mais toujours avec humour ou dans un registre satirique

Bien entendu, il existe une multitude d'autres genres musicaux au Mexique, plus modernes et plus internationaux, mais ce qui frappe quand on allume la radio ou qu'on met une chaîne musicale à la télévision, c'est la proportion de chansons en espagnol. On est loin de la France où l'on est obligé d'imposer des quotas de musique française sur les radios.

Bien entendu, si on regarde les classements officiels d'iTunes au Mexique ce sont les mêmes Daft Punk ou Will.Iam qui caracolent en tête, mais cela concerne surtout une partie aisée et plus « internationalisée » de la population.

Il ne faut pas perdre de vue qu'il existe un marché parallèle de la musique. En effet, dans le métro, dans la rue, sur tous les marchés vous pourrez acheter des centaines de CD pirates avec tous les styles de musique pour 10 à 25 pesos pièce. Et il s'agit le plus souvent de musique 100 % latine et la plupart du temps mexicaine.

Le Mexique étant le plus grand pays hispanophone du monde, il n'est pas vraiment surprenant de constater que c'est un vivier extraordinaire d'artistes qui influencent et qui s'exportent à travers toute l'Amérique Latine.

Des rancheras, des mariachis mais aussi du rap, 100 % chilango !

Alors pour votre prochain voyage au Mexique, ouvrez grand vos oreilles (en plus de vos yeux), vous pourriez être surpris. Et surtout n'oubliez pas qu'il est toujours question de grands sentiments, d'amours perdues et de femmes cruelles. Dans la musique comme dans tout le reste, ce pays est fait d'excès et de théâtralité, et c'est pour ça que je l'aime tant !

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