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...tribulations d'une accro du Mexique

20 May

Pancho Villa, le cavalier sans tête

Publié par Héléna Verdier  - Catégories :  #Mexique, #Histoire, #Pancho Villa

Pancho Villa, le cavalier sans tête

Petite parenthèse historique aujourd'hui, mais vous verrez, il y aura tous les ingrédients d'un bon roman, du sang, des intrigues, des femmes et des retournements de situation.

Qui n’a jamais entendu parler de Pancho Villa ? Avec sa moustache, son chapeau et ses cartouchières, il est devenu l’archétype du Mexicain dans notre imaginaire collectif. Que l’on soit féru d’histoire ou juste amateur d’aventures romanesque, Pancho Villa ne peut que fasciner. L’ancien bandit de grands chemins devenu héros national de la révolution est un personnage digne des westerns de Sergio Leone. José Doroteo Arango Arámbula, alias Francisco Villa (en hommage à son grand père maternel), dit Pancho Villa, est né le 5 juin 1878 à Rio Grande. Orphelin à l’âge de douze ans, il travaille dans des fermes et entame très vite une vie de larcin, pas vraiment menus. Il devient rapidement un véritable hors la loi commettant homicides, vols, incendies, enlèvements, fraudes et j’en passe. C'est en 1910 qu'il s'engage politiquement et change de vie. À l’époque, le président Porfirio Diaz dirige le pays depuis 34 ans grâce à diverses manœuvres lui permettant de se faire réélire indéfiniment. Le porfiriat a été placé sous le signe des grandes réformes, il voit l’ouverture du pays aux investissements étrangers, le développement des infrastructures mais le régime n’en demeure pas moins une dictature favorisant une oligarchie, les grands propriétaires terriens au détriment des petits paysans et notamment des peuples indiens. Ajoutez à ces inégalités une hausse du prix des biens de consommation, un effondrement du cours de l’argent, l’expropriation de l’église pour vendre les terrains aux spéculateurs, et vous obtenez la recette idéale pour provoquer une révolte. Une révolte ? Pire, une révolution.

Pancho Villa, le cavalier sans tête

C’est ainsi que commence la révolution mexicaine. L’insurrection est menée par Francisco Madero. Pour mener ses batailles, Madero a besoin d’hommes. C’est ainsi que Pancho Villa le rejoint. Acquis à sa cause, il intègre l’armée irrégulière et se lave de son passé criminel. Cavalier émérite, il est rapidement surnommé le centaure du nord et mène de nombreuses batailles. C’est après la victoire des troupes irrégulières à Ciudad Juarez que Porfirio Diaz quitte le pouvoir et s’exile. Pour la petite histoire, il finira ses jours en France et est aujourd’hui enterré au cimetière de Montparnasse. La révolution est donc un succès, Francisco est élu président en 1911 avec 90 % des voies, et Villa et ses hommes rejoignent donc l’armée fédérale sous les hommes du général Huerta. Malheureusement le répit sera de courte de durée, un an plus tard Madero est assassiné suite à un coup d’état de Huerta. La révolution tourne alors en guerre civile entre les différentes factions, une guerre qui durera jusqu’en 1916.

Le centaure du nord

Le centaure du nord

Toujours fidèle à Madero, Villa entre en guerrilla et prend le nord du pays avec ses hommes que l’on appellera La División del Norte. Grâce à l’appui et aux armes fournies par les États-Unis Pancho Villa reprend le Nord et Chihuahua est le centre de son pouvoir. Il tient de nombreuses villes minières ce qui lui assure un certain confort financier lui permettant d’acheter des armes, des chevaux, des équipements, des munitions. En juillet 1914, Huerta finit par abandonner le pouvoir mais la guerre se poursuit entre les troupes de Villa et de Carranza au Nord, d’Obregon sur la côte, et de Zapata au Sud. Le 9 mars 1916 les troupes de Villa attaquent la ville de Colombus au Nouveau Mexique pour voler des armes et des munitions. Cette attaque est considérée comme la première attaque militaire sur le sol américain. Ce serait le Kaiser Guillaume II qui aurait proposé à Pancho Villa une coquette somme pour attaquer les américains, détournant ainsi les troupes de la guerre qui fait rage en Europe. On raconte, que Pancho Villa aurait refusé l’argent, déçu par les États-Unis qui ne lui apportaient plus leur soutien. Cette attaque se solde par un échec mais une expédition punitive est lancée par les États-Unis et Pancho Villa est alors recherché, mort ou vif avec récompense à la clé.

Wanted !

Wanted !

En 1920, alors que la guerre civile est enfin terminé, Alvaro Obregon est élu à la présidence, il restera à la tête du pays jusqu’à son assassinat en 1928. C’est Plutarco Elias Calles qui lui succèdera, fondant le parti qui deviendra plus tard le PRI, parti qui est resté au pouvoir pendant plus de 70 ans. En 1920, Pancho Villa est contraint de se retirer de la politique. On lui concède une hacienda à Canutillo où il restera jusqu’à la fin de ses jours. En 1923, alors qu’il se rend à un baptême dans la ville de Parral, il est assassiné. Sa voiture est criblée de dizaines de balles. Les assassins n’ont jamais été retrouvés mais il est communément admis qu’il s’agissait d’hommes à la solde du président Obregon. D’autres hypothèses avancent que les États-Unis étaient mêlés à son assassinat. À sa mort, 25 femmes se manifestent comme épouses du Général Villa et revendiquent sa demeure de Chihuahua. Après des recherches, le gouvernement a finalement déterminé que Luz Corral était son épouse légitime, c’est donc elle qui hérite de la demeure, nommée la Quinta Luz. C’est aujourd’hui le musée de la révolution de la ville de Chihuaha. On peut le visiter, découvrir des objets de la révolution et surtout la Dodge criblée de balles que conduisait Pancho Villa quand il a été abattu. C’est ainsi que se termine l’aventure de Pancho Villa... pas tout à fait, ç'aurait été trop banal.

La Quinta Luz, ancienne demeure de Pancho Villa à Chihuahua

La Quinta Luz, ancienne demeure de Pancho Villa à Chihuahua

En 1926, la tombe de Pancho Villa est profanée et sa tête est dérobée ! D’après l’historien Armando Dominguez Mendoza, spécialiste de Pancho Villa, la tête de Pancho Villa n’a jamais quitté le pays. En 1926, le Général Francisco Durazo lit l’avis de recherche des américains réclamant la tête de Pancho Villa mort ou vif contre récompense. Il ne parle pas très bien anglais et y voit une opportunité de s’enrichir. Vous imaginez la suite ? Il envoie des hommes déterrer la tête de Pancho Villa, part pour l’apporter aux États-Unis mais l’opération doit être avortée. Finalement, la tête est enterrée à nouveau, mais sans le corps. En 1976, après la construction du monument à la révolution de la ville de Mexico, la dépouille de Pancho Villa y est transférée, mais sans sa tête... Malgré tout, les croyances les plus fantaisistes demeurent à ce sujet, on raconte que le gouvernement américain a fait déterrer la tête de Villa, que c’est un millionnaire américain qui la garde chez lui en trophée, qu’elle est exposée dans un cirque, qu’elle a été vendue aux enchères à Sotheby’s ou encore qu’elle sert à des rituels d’admission dans une confrérie d’étudiants de Yale. Alors à vous de décider ce que vous voulez croire...

Drôle de destin pour un hors la loi devenu héros... à en perdre la tête !

Je vous avais bien promis du romanesque. En attendant de nouvelles aventures mexicaines, que viva la revolucion amigos !

Chihuaha, le fief de Pancho Villa, une vraie ville du Nord
Chihuaha, le fief de Pancho Villa, une vraie ville du NordChihuaha, le fief de Pancho Villa, une vraie ville du Nord

Chihuaha, le fief de Pancho Villa, une vraie ville du Nord

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A
Hé bien, que de péripéties dans cette histoire, merci d'avoir enrichi ma culture personnelle :)
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H
Merci! Tout le plaisir est pour moi !

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